Les adeptes des innovations, notamment certains soufis, prétendent que diviser l’unicité (le Tawhid) en trois catégories (Seigneurie, Divinité, Noms et Attributs) est une innovation introduite par Ibn Taymiyya – qu’Allah lui fasse miséricorde – et qu’il n’existe aucune preuve de cette classification.
Nous allons ici réfuter cette allégation et avancer les arguments clairs de son caractère infondé.
La réponse détaillée à cette ambiguïté sur la classification de l’Unicité
Premièrement : Cette classification est tirée de l’analyse approfondie et minutieuse des textes du Coran et de la Sunna.
En examinant les écrits, les savants ont conclu que le Tawhid (unicité) se divise en ces différentes catégories, chaque catégorie étant appuyée par des preuves issues du Coran et de la Sounnah. Chacune de ces catégories possède ses propres particularités et caractéristiques distinctes. Comment pourrait-on donc les regrouper en une seule catégorie malgré leurs significations différentes ? C’est donc la signification spécifique de chaque catégorie qui est visée par cette classification.
Ainsi, si quelqu’un disait, par exemple : « Je ne reconnais pas cette classification », mais croit en réalité aux significations contenues dans chacune de ces catégories, peut-on dire que cette personne est polythéiste ? La réponse est non. Aucun savant parmi les gens de la Sounnah n’a jamais fait une telle affirmation. Cette personne demeure croyante, car elle reconnaît l’unicité d’Allah dans ce qui Lui est propre, même si elle n’adopte pas cette classification particulière.
Deuxièmement : Cette division est du même type que d’autres divisions présentes dans les sciences religieuses.
En effet, le Prophète ﷺ lui même avait pour habitude d’utiliser la division des sujets pour faciliter l’enseignement. Il ﷺ dit par exemple : Sept personnes seront sous l’ombre d’Allâh le Jour où il n’y aura plus d’ombre que la Sienne : “ Le gouverneur équitable. Le jeune homme qui a passé sa jeunesse dans l’adoration d’Allâh. Celui dont le cœur est attaché aux mosquées. Deux hommes qui s’aiment en Allâh, se réunissent pour Allâh et se séparent pour Lui. L’homme qui, invité (à la fornication) par une femme de noble lignée et belle, dit : “Je crains Allâh”. Celui qui fait aumône et la cache au point que sa main gauche ignore ce que dépense sa main droite. L’homme qui se rapelle Allâh en privé et ses yeux débordent de larmes par crainte d’Allâh “.1
On retrouve ainsi cette méthode dans les sciences religieuses. Afin de faciliter la compréhension, les érudits, par leur vaste perception de chaque science, s’efforcent de simplifier les sujets en les subdivisant.
On trouve par exemple dans la langue arabe qu’ils ont classé les mots en trois catégories : le nom (Ism) le verbe (fi’l) et la particule (Harf).
On peut citer également citer la classification des jugements religieux en obligations et actes recommandés pour les ordres, et en actes interdits et actes répréhensibles pour les interdictions, en autres2.
Troisièmement : Cette distinction est démontrée par la différenciation entre les sens du mot Rabb Seigneur et de Ilah Divinité, bien qu’ils renvoient tous deux à Allah, exalté soit-Il.
Les noms d’Allah sont à la fois des désignations et des attributs, et la distinction entre eux témoigne de la différence entre la Seigneurie (Rouboūbiyyah) et la Divinité (Ouloūhiyyah)3. Ainsi, les deux termes renvoient à la même entité (Allah) mais indiquent chacun un attribut différent indépendant.
Ainsi, cette classification est nécéssaire pour distingué chacun des deux Attributs d’Allah.
Quatrièmement : Certains érudits ont reconnu et mentionné cette classification avant Cheikh Al-Islam Ibn Taymiyyah.
Parmi eux :
- Ibn Djarīr al-Tabari (que Dieu lui fasse miséricorde), décédé en l’an 310 de l’hégire.
- Ibn Jarir al-Tabari a mentionné dans son exégèse ce qui souligne la distinction entre la Seigneurie et la Divinité à travers les propos de grands exégètes comme Ibn Abbas (qu’Allah l’agrée), Mudjāhid, Qatādah, ‘Ikrima, ‘Atā, et Ibn Zayd (qu’Allah leur fasse miséricorde).
- Abou Hanīfah An-Nou‘mān (qu’Allah lui fasse miséricorde), décédé en l’an 150 de l’hégire.
- Abu Dja‘far Al-Tahāwi (qu’Allah lui fasse miséricorde), décédé en l’an 321 de l’hégire.
- Ibn Batta Al-‘Akbari (qu’Allah lui fasse miséricorde), décédé en l’an 387 de l’hégire.
Cinquièmement : La raison pour laquelle cette division est apparue
La raison pour laquelle cette division est apparue clairement dans les écrits d’Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) est due à la déviation qui s’est produite dans l’unicité de la divinité (Tawhid al-Oulouhiyyah) en raison de l’éloignement des gens de l’innovation de ce type d’unicité et de leur mauvaise interprétation de l’expression de l’unicité divine.4
Sixièmement : Cheikh Al-Islam Ibn Taymiyya ne visait pas la division elle-même, mais plutôt la compréhension et la clarification des concepts.
Il a ainsi divisé le Tawhid de deux manières : une méthode générale en deux parties et une méthode détaillée en trois parties.
La méthode générale :
- L’unicité théorique et intellectuelle, que son élève Ibn al-Qayyim (qu’Allah lui fasse miséricorde) appelle “unicité de la connaissance et de l’affirmation”. Elle inclut l’unicité de la Seigneurie (Tawhid Ar-Rouboūbiyyah) , ainsi que celle des Noms et des Attributs divins (Tawhid Al-Asmā wa As-Sifāt). Ce type de Tawhid peut également être désigné comme l’unicité de la parole et du savoir.
- L’unicité de l’intention et de la pratique, ou l’unicité de la volonté et de l’actione. Elle peut également être appelée “unicité de l’adoration” ou unicité de la divinité (Tawhid Al-Ouloūhiyyah), et parfois, “unicité de l’intention et de la quête”.
La méthode détaillée :
Celle-ci consistait à séparer l’unicité en trois catégories :
- Ll’unicité dans la Seigneurie (Tawhid Ar-Rouboūbiyyah)
- L’unicité dans les Noms et les Attributs (Tawhid Al-Asmā wa As-Sifāt)
- L‘unicité dans la Divinité ou l’adoration (Tawhid Al-Ouloūhiyyah).5
Septièmement : Certains adeptes de l’innovation ont aussi divisé le Tawhid, ce qui a rendu nécessaire l’explication de la division correcte et la réfutation de la catégorisation incomplète et incorrecte.
C’est ce qu’a fait Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) en réfutant les classifications des théologiens de la dialectique et celle des soufis.
- Rapporté par Al-Boukhari (6806) et Mouslim (1031). ↩︎
- Ousūl Masā°il Al-‘Aqīda ‘inda As-Salaf wa ‘inda Al-Moubtadi’ah p.91 ↩︎
- Al-Qawl As-Sadīd fi Ar-Radd ‘Ala Man Ankara Taqsīm At-Tawhid p.89-90 ↩︎
- Ousūl Masā°il Al-‘Aqīda ‘inda As-Salaf wa ‘inda Al-Moubtadi’ah p.92 ↩︎
- Manhadj Ibn Taymiyyah fi Taqrīr ‘Aqida At-Tawhid ↩︎